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« J’apporte mon regard d’industriel dans le monde de la recherche pour un projet unique »

Au travers d’une série de portraits, SOLEIL part à la rencontre de celles et ceux qui font le synchrotron. Pour ce cinquième épisode, François Trias s’est prêté au jeu. Embauché il y a plus de deux ans dans le cadre de SOLEIL II, projet de jouvence du synchrotron, rien ne prédestinait cet ingénieur à travailler dans cette infrastructure de pointe. Et pourtant. Grâce à ses années d’expérience dans le secteur de l’industrie, François Trias apporte aujourd’hui une vision complémentaire et globale des problématiques liées à son domaine. Loin d’être intimidé par un univers peu familier, l’ingénieur a rapidement apprécié ses nouvelles missions et l’ambiance de travail. Rencontre.

En tant qu’ingénieur, François Trias a eu l’opportunité d’explorer de nombreux secteurs d’activité : pharmacie, énergie thermique et nucléaire, raffinage, aéronautique, la papeterie… Une belle carrière de plus de 30 ans dans l’industrie, jusqu’à son embauche à SOLEIL en 2023, qui le fait basculer vers la recherche. Sa principale mission ? Préparer le chantier de SOLEIL II, grand projet de modernisation du synchrotron. Un changement de secteur « inattendu, mais heureux », pour l’ingénieur expérimenté.

Une carrière dans l’industrie
Titulaire d’un DUT génie mécanique de l’IUT de Toulon et d’une formation d’ingénieur généraliste au CESI d’Evry, François Trias commence sa carrière par une première expérience en bureau d’études. Il s’oriente ensuite vers le service à l’industrie chez 3M France, une entreprise multinationale d’innovation spécialisée dans de nombreux produits : outils de bureautique, soins de santé, adhésifs, films réfléchissants... « J’ai été support qualité auprès des fabricants de signalisation routière durant quelques années, puis j’ai profité d’une opportunité pour entrer chez Delattre Levivier, une société de services à l’industrie spécialisée dans la maintenance industrielle et la construction métallique. J’ai quitté la région parisienne pour devenir responsable qualité nucléaire de la région sud-est », raconte-t-il. Parmi ses principaux clients figurent EDF ou bien encore le CEA.

« Toutes ces expériences dans des secteurs d’activité variés ont considérablement enrichi ma culture industrielle, tant en maintenance qu’en gestion de projet. »

Suite à une fusion, Delattre Levivier devient en 2001 Endel. La société est ensuite rachetée par GDF Suez en 2007 et intègre le groupe ENGIE. En parallèle, François Trias évolue vers des postes opérationnels avec des responsabilités croissantes, sur des projets à la fois de maintenance et de travaux neufs. « J’ai notamment occupé un poste de responsable de projets pour la construction de bacs de stockage, avec des missions que j’ai beaucoup appréciées », se rappelle-t-il. « Toutes ces expériences dans des secteurs d’activité variés ont considérablement enrichi ma culture industrielle, tant en maintenance qu’en gestion de projet. »

À la fin des années 2010, François Trias se réoriente vers un poste plus fonctionnel de planification des ressources opérationnelles et se retrouve à gérer plus de 350 personnes, sans compter les renforts comme les missions intérimaires et de sous-traitance. « J’agissais en support aux contrats de maintenance et aux projets de construction, tout en travaillant en relation étroite avec les chefs de projets afin de les aider à préparer leurs chantiers », explique-t-il. « De ce fait, j’avais une vision étendue et globale des projets bien en amont. Mon expérience opérationnelle a été fort appréciée pour comprendre les problématiques des projets, notamment les besoins en compétence des opérationnels, la logistique de chantier, la préparation, l’évaluation des risques, l’anticipation, les changements, le suivi de réalisation et le planning, bref tout ce qui constitue l’ingénierie de projets », indique-t-il.

Accompagner SOLEIL dans sa modernisation
À l’occasion d’une réorganisation chez Endel ENGIE, François Trias se repositionne sur de la planification de projet. « C’est ainsi que je me suis retrouvé chez SOLEIL », indique-t-il. « La société d’ingénierie avec laquelle j’étais en relation m’a fait part du poste que recherchait SOLEIL. De mon côté, je recherchais un nouvel emploi où je pourrais apporter toute mon expérience industrielle. Ça a matché immédiatement ! »

Au quotidien, François travaille beaucoup sur écran pour établir des scenarii de montage, d’assemblage, d’organisation du travail, de flux et de planification.

François Trias est recruté en CDD, pour travailler sur le chantier de SOLEIL II, le projet de jouvence du synchrotron. Dès 2028, l’installation sera arrêtée, pour changer les composants des accélérateurs de particules, et moderniser les lignes de lumière : pendant 18 mois, le bâtiment synchrotron abritera un énorme chantier avec, en parallèle, beaucoup d'activités à coordonner. Puis, l’exploitation reprendra mais coexistera avec la suite des travaux sur de nombreuses lignes de lumière. « J’ai rapidement poursuivi en CDI car le projet nécessite un investissement important et sur du long terme », justifie-t-il.
Dans le cadre de la jouvence du synchrotron, François Trias participe à la préparation des opérations de désassemblage et réinstallation des accélérateurs et des lignes de lumière. « Il s’agit d’établir les gammes dépose et montage, de définir les besoins en manutention et outillage, de compiler les exigences techniques pour définir les conditions de stockage, de conditionnement des équipements, d’élaborer les cheminements et flux logistiques en intégrant la dimension sécurité, de détecter et gérer les interfaces et proposer une planification optimale », énumère-t-il.

« Je suis donc en relation avec de très nombreux interlocuteurs afin d’avoir une vision globale des problématiques liées à mon domaine. »

L’ingénieur contribue également à l’élaboration de documents nécessaires aux différentes assistances à maîtrise d’ouvrage pour la réalisation des travaux d’infrastructures. « Je suis donc en relation avec de très nombreux interlocuteurs afin d’avoir une vision globale des problématiques liées à mon domaine », indique François Trias. « C’est un projet unique pour lequel j’apporte mon regard d’industriel dans le monde de la recherche ».

Aucun regret
Au quotidien, il travaille une bonne partie sur écran pour établir des scenarii de montage, d’assemblage, d’organisation du travail, de flux et de planification. Il est aussi en permanence en recherche et en compilation d’informations utiles pour consolider toutes les hypothèses qui serviront au bon déroulement du chantier de SOLEIL II. S'ensuivent de nombreuses discussions, lors de réunions pluridisciplinaires – qui sont l’occasion pour lui d’échanger avec les experts des différentes équipes de SOLEIL – et des temps plus formels avec des processus de décision rigoureusement cadrés.

François Trias a-t-il éprouvé des difficultés à tourner la page après vingt ans à évoluer dans la même entreprise ? « Au début, la découverte d’un milieu et d’un environnement inconnu avec un jargon métier prononcé était un peu déconcertante », admet-il. « Je prends souvent l’exemple des « soufflets » que j’appelais des « compensateurs », mais qui sont les mêmes équipements ! » Autre défi : réussir à faire des présentations en anglais lors de workshops. « Mais j’ai été rapidement rassuré par la bienveillance des auditrices et des auditeurs », tempère l’ingénieur.

« Mon métier me permet de venir au travail tous les matins avec enthousiasme. »

Pour François Trias, aucun regret vis-à-vis de ce changement de cap : « mon métier me permet de venir au travail tous les matins avec enthousiasme », indique-t-il. « L’ambiance au sein de l’équipe est excellente et je peux aisément faire la comparaison avec mon long passé professionnel ! ».

D’ailleurs, a-t-il quelques conseils à donner à celles et ceux qui songeraient à une carrière d’ingénieur ? « Vaste question ! Si on n’apprécie pas particulièrement la routine, c’est une bonne voie car les projets démarrent, se réalisent, puis se terminent ... et on passe à autre chose, souvent avec des environnements et des personnes différentes. À chaque fois on s’enrichit », estime François Trias.

Selon lui, il est également important d’avoir une base technique solide dans son domaine et une grande ouverture d’esprit. « La dimension managériale est souvent l’occasion d’une évolution hiérarchique qui peut éloigner du terrain. Elle est également génératrice d’un stress auquel il convient d’être préparé », prévient-il.

« La boucle est bouclée »

Pour l’ingénieur, quoi de mieux pour se détendre qu’un peu de sport après le travail – « bien que je pratique de moins en moins car le corps commence à être usé ! ». Mais pas question d'abandonner pour autant : ce passionné s’est tourné vers des pratiques plus douces comme les balades et la randonnée : « j’adore découvrir de nouveaux horizons et faire de nouvelles rencontres », confie-t-il. François Trias aime aussi jardiner et bricoler. Deux passe-temps qui lui permettent de « [se] vider la tête et de [se] reconnecter à la nature ».

Pour se reconnecter à la nature, session jardinage ! 

Et lorsqu’il se retourne une dernière fois sur sa carrière avant de clore l’interview, c’est pour se rappeler les belles rencontres, dont certaines ont été déterminantes pour ses orientations et ses choix « parfois contraints, parfois choisis ». Il cite tout d’abord le directeur de région sud-est de Endel ENGIE pour « sa confiance et son soutien » lors de son embauche en mobilité en début de carrière, en 1993. Plus récemment, c’est Jean-François Lamarre, alors responsable du Groupe Fonctionnement Machine, qu’il remercie pour « [l’]avoir particulièrement bien accueilli » à SOLEIL.

Enfin, une mention spéciale pour son tuteur de mémoire d’école d’ingénieur, directeur de recherche au CNRS et… spécialiste des énergies solaires. « On dirait que la boucle est bouclée avec SOLEIL, quarante après tout de même ! », sourit-il. Finalement, François Trias était peut-être bien prédestiné au synchrotron.

 

Mini bio de François Trias

1984 : obtention d’un DUT, Génie mécanique, Université de Toulon, Toulon, France
1993 : obtention d’un diplôme d’ingénieur d’affaires, mécanique industrielle et technologie de maintenance, CESI d’Evry, Evry, France
1993 - 2008 : responsable QPE, responsable contrats maintenance, puis exploitation, Endel – Pierrelatte, puis Fos sur mer, France
2008 - 2010 : responsable projets Endel, Port-de-Bouc, France
2010 - 2015 : chargé d'affaires responsable de contrat, Endel, GDF-Suez, Fos-Sur-Mer, France
2015 - 2017 : responsable activités Île-de-France, Endel ENGIE, Paris, France
2017 - 2022 : responsable planification ressources opérationnelles, Groupe ENGIE, Paris, France
Depuis 2023 : ingénieur méthodes, logistique, planification, synchrotron SOLEIL, Saint-Aubin, France

 

Dans le jardin de François

« Dans mon jardin, surtout à la fin du printemps le soir, j'apprécie particulièrement l'arc végétal de jasmin étoilé en fleurs, car en plus des milliers de petites fleurs blanches, il en émane un parfum suave et délicieux qui me rappelle mon Sud natal et la douceur paisible des soirées pré-estivales. J'y passe souvent quelques instants à rêvasser le soir après le repas en regardant le ciel, au milieu des effluves de jasmin.
J'ai également au gré des déménagements toujours pu emmener avec moi des aloé véra et des agaves qui apportent un peu de chaleur et de piquant dans nos contrées. Je cultive toujours aussi des plantes aromatiques qui nous servent à agrémenter nos plats – thym, romarin, ciboulette et basilic au menu presque tous les jours en ce moment. »