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« Dans mon quotidien, la routine n’existe pas »

Au travers d’une série de portraits, SOLEIL part à la rencontre de celles et ceux qui font le synchrotron. Pour ce deuxième épisode, Danielle Njinwoua, technicienne supérieure sécurité, s’est prêtée au jeu. Elle nous raconte son quotidien bien rempli.

Si les équipes de SOLEIL et les utilisateurs des lignes de lumière peuvent travailler sans danger, c’est en grande partie grâce à son équipe, le groupe Sécurité. Pilotage de formations de sécurité pour les nouveaux salariés, analyse des risques, élaboration de plans de prévention… Danielle Njinwoua occupe un poste de terrain aux missions extrêmement variées, où la routine n’existe pas.

En une journée à SOLEIL, vous avez de fortes chances de croiser Danielle à divers endroits du site. Ce sera peut-être dans le hall, alors qu’elle accueille de nouveaux salariés pour les former, sur une ligne de lumière lors d’une visite de sécurité, ou bien encore au potager de SOLEIL, en plein arrosage d’un plant de tomates presque mûr.

« Chaque matin quand j’arrive au synchrotron, je sais que la journée passera très vite », sourit Danielle Njinwoua. « C’est bien simple : dans mon quotidien, la routine n'existe pas. »

Le besoin de prendre soin des autres

Née au Cameroun il y a 42 ans, Danielle Njinwoua a effectué ses études primaires et secondaires dans la petite ville de Bangangté. Après l'obtention de son baccalauréat scientifique, elle entame un cursus en chimie à l’Université de Yaoundé, avant de s’envoler pour la France.
Danielle Njinwoua suit d’abord une formation en sécurité incendie, à l’issue de laquelle elle devient pendant 7 ans pompier civile. « Avant d’être une orientation professionnelle, le besoin de prendre soin d’autrui est une valeur cardinale chez moi, entretenu depuis ma tendre enfance, de par ma trajectoire personnelle et ma fibre maternelle », continue-t-elle. « C’est finalement cette première expérience qui a été l'élément déclencheur de ma passion pour le métier de la sécurité au travail. »

C’est également lors de cette période qu’elle rencontre Gilles Delclos, pompier et aujourd’hui responsable sécurité dans une entreprise de la région parisienne, qui aura un rôle décisif dans la carrière de Danielle Njinwoua. « Il m’a guidée dans cette voie et surtout, m’a encouragée à reprendre mes études », explique-t-elle. « Sa présence a été bénéfique, grâce à ses conseils, sa rigueur et surtout sa protection », poursuit-elle. « Comme vous pouvez l’imaginer, il n’est pas évident pour les femmes de se déployer aisément dans un milieu très masculin. Grâce à son soutien inconditionnel et ses encouragements, j’ai pu franchir le pas. »
Soutenue par son collègue, Danielle Njinwoua intègre un DUT - aujourd’hui BUT - Hygiène Sécurité Environnement (HSE). Elle est ensuite recrutée chez PSA en 2017, au sein de l’équipe HSE. Finalement, elle quitte le groupe international deux ans plus tard afin de suivre une formation de Responsable Qualité Hygiène Sécurité Environnement. Danielle Njinwoua est ensuite engagée par l’entreprise Qualibat en 2019 où elle travaillera pendant deux ans. « Le métier HSE est un métier à 60% terrain, 40% bureau. Or pour ce poste, je travaillais beaucoup devant l’ordinateur », raconte-t-elle. « Avec la routine, j’ai commencé à m’ennuyer, j’ai donc commencé à candidater ailleurs ».

Un métier complexe aux missions multiples
Danielle Njinwoua l’admet bien volontiers, avant de postuler chez SOLEIL, elle n’avait jamais entendu parler du synchrotron. « Mais cette infrastructure m’a tout de suite beaucoup intriguée », se souvient-elle. « Je voulais savoir à tout prix ce que c’était, comment cela marchait, ce qui se passait à l’intérieur, avec ce mystérieux faisceau… j’étais presque hantée ! » La candidate est tout aussi séduite par la diversité des missions qu’offre le poste : « les différents risques inhérents à l’activité du synchrotron offrent un large champ d’expérimentation. On y retrouve toutes les tâches qu’un HSE peut effectuer dans sa carrière, je pouvais dire adieu à l’ennui », justifie-t-elle.

Danielle intègre l’équipe de SOLEIL en tant que technicienne sécurité en février 2022 avec tout autant d’enthousiasme que d’appréhension, « face aux responsabilités de sécurité dans une telle structure scientifique ». Heureusement, elle a le soutien de son responsable d’équipe, Jean-Pierre Laurent, qu’elle tient d’ailleurs à remercier « pour sa confiance et sa patience » et de l’ingénieur Laurent Germain « qui était et est toujours prêt à l’éclairer sur [s]es interrogations ». Ses débuts sont accompagnés et, en tant que nouvelle recrue, elle commence une formation sur son poste, en binôme avec son prédécesseur. « C’est un métier à tâches multiples, qui peut être assez complexe, surtout au début ». Et pour cause. Les journées de Danielle Njinwoua sont bien remplies et se suivent sans se ressembler.

Le goût pour les défis quotidiens
Ses missions ? Transmettre les consignes de sécurité adaptées en fonction des équipes de SOLEIL, des intervenants extérieurs et des utilisateurs. Un travail qui passe notamment par la réalisation de plans de prévention pour les prestataires et la mise en place de nombreuses formations pour le personnel du synchrotron, qu’elles soient spécialisées dans les incendies ou le secourisme et la santé au travail. Danielle organise également des visites de sécurité des locaux et des lignes de lumière. Elle participe aussi à l’analyse des risques pour valider ou non l’utilisation d’un produit chimique lors des expériences. Pendant les arrêts techniques de SOLEIL, il lui faut valider les permis de travaux et de visites dans les tunnels des accélérateurs, sans oublier les exercices de sécurité, deux fois par an. La technicienne doit aussi traiter les demandes de conseils venant des collaborateurs et assurer le suivi des presqu’accidents et des accidents.

« Comme vous pouvez le constater, il y a énormément de missions », indique Danielle Njinwoua. « Mais c’est ce qui rend mon travail passionnant. » Car cette professionnelle chevronnée aime les défis quotidiens. Et à son poste, elle n’en manque pas : « chaque jour, on doit vérifier que tous les plans de prévention prévus aient bien été réalisés et que les expériences ne débutent pas sans la signature des SAS - pour Safety Approval Sheet - qui sont des formulaires définissant les consignes de sécurité liées aux expériences sur les lignes de lumière. » Et pour tout mener à bien, pas de secret, si ce n’est un sens aigu de l’organisation : « à la fin de chaque jour, avant mon départ de SOLEIL, j’ai déjà une idée globale de mes tâches du lendemain, qui seront priorisées en fonction du besoin », explique Danielle. Et à l’arrivée au bureau à 8h30, premier réflexe : vérifier le planning avant de se lancer dans la journée, souvent parsemée d’imprévus, « comme le déclenchement d’une alarme incendie, une personne qui fait un malaise, de nouveaux dossiers urgents… »

Danielle contrôle une installation pour une expérience avec gaz dangereux sur la ligne de lumière ROCK, avant signature d’un SAS.

Si la diversité de ces missions pourrait être source de stress, c’est au contraire ce qui stimule Danielle : « travailler à SOLEIL m’a beaucoup apporté en autonomie », estime-t-elle. « J’apprends tous les jours auprès de toutes ces personnes, cela me fait énormément mûrir professionnellement », précise-t-elle. « Non seulement j’ai la possibilité de pratiquer mon métier HSE dans toutes ses dimensions, mais j’ai aussi beaucoup appris dans le domaine des sciences et de la recherche. »

Une vie bien remplie, mais équilibrée

Épanouie dans sa carrière, Danielle conseille à celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans le domaine de la sécurité, « de ne pas hésiter ». Pour la technicienne, l’Hygiène Sécurité Environnement (HSE) est une branche « très riche », mais aussi « un métier d’avenir, dans un monde où la santé et la sécurité au travail sont devenues des composantes essentielles des entreprises », estime-t-elle. « Afin de devenir technicienne sécurité, il faut avoir l’esprit d’analyse, d’anticipation, une grande écoute, un sens de discernement avec une grande maîtrise de soi doté d’une bonne dose de patience », énumère-t-elle.

Passionnée par son travail, Danielle n’oublie cependant pas de s’accorder des moments de détente réguliers. Chaque week-end, elle se fixe l’objectif d’aller marcher jusqu’à deux villes près de son domicile. « Cela peut me prendre des heures mais c’est un moment que j’affectionne. » Grande lectrice, Danielle aime les ouvrages dont les histoires sont tirées de faits réels « des livres qui me permettent de découvrir la culture des autres peuples ».
Des temps de respiration bienvenus, qu’elle s’accorde aussi lors de ses journées de travail, en prenant régulièrement part à des activités au sein de SOLEIL. Deux fois par semaine à l’heure du déjeuner, elle rejoint le cours de yoga. Une pause sportive, qui est aussi l’occasion d’échanger avec ses collègues dans un contexte moins formel. Danielle est aussi très impliquée dans le projet de potager partagé du synchrotron. La main verte, ce sont des tomates, des fraises, mais aussi des légumes exotiques qu’elle a déjà pu récolter : « j’aime consommer ce que j’ai mis mon énergie à faire pousser », explique-t-elle avec simplicité.

Danielle, occupée à repiquer des poireaux dans le potager partagé de SOLEIL.

Et du jardin à l’assiette, il n’y a qu’un pas. Lorsque son emploi du temps lui permet, Danielle se plaît à passer derrière les fourneaux et expérimenter : « j’adore cuisiner pour les autres et essayer de nouvelles recettes. » Une envie de prendre soin d’autrui et un goût pour l’aventure qu’on retrouve non seulement dans son métier, mais aussi jusqu’à ses plats.

 

Mini bio de Danielle Njinwoua
1999 : baccalauréat scientifique, Bangangté, Cameroun
De 2000 à 2001 : cursus en chimie, Université de Yaoundé, Cameroun
2009 : formation en sécurité incendie, Vitry-sur-Seine, France
De 2009 à 2015 : pompier civile, IGH siège social de la Société Générale, La Défense, Île-de-France, France
2016 : DUT Hygiène Sécurité Environnement (HSE), IUT de Saint-Denis, Saint-Denis, France
2017: technicienne prévention, PSA, Poissy, France
2020 : obtention du diplôme de Responsable Qualité Hygiène Sécurité Environnement, IFOCOP, Éragny, France
De 2019 à 2021 : stagiaire, technicienne qualité analyse documents, Qualibat, Paris 16e
2022 à aujourd’hui : technicienne supérieure de sécurité, Synchrotron SOLEIL, Saint-Aubin

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Dans la bibliothèque de Danielle

Ma vie d’esclave, de Mende Nazer
« Ce choix est motivé par le fait qu’il s’agit d’un livre inspiré d’une histoire vraie, celle de la vie de son auteur qui nous révèle les secrets de son combat pour la liberté fondamentale. La leçon que l’on peut en retenir est qu’il faut toujours garder à l’esprit ce pour quoi on s’est promis. »

La sagesse de mon village, de Claude Njiké-Bergeret
« Mme Claude Njiké-Bergeret ou « La reine blanche » est l’une des multiples reines de la cour royale du village Bangangté, à l’ouest du Cameroun, qui a bravé les limites culturelles pour embrasser un univers qui contraste avec ses origines françaises. Ce que j’ai pu tirer de cette lecture est que le bonheur peut être diversement apprécié. À travers cet ouvrage, j’ai beaucoup appris sur ma propre culture, car il y avait des éléments que moi-même je ne maîtrisais pas. Claude Njiké-Bergeret est rentrée dans les méandres de la tradition de chez moi pour faire ressortir des aspects qui échappent même aux natifs. »

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PDF icon Pour vous régaler : les trois recettes fétiches de Danielle (167.16 Ko)