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De Pépin le Bref et Charlemagne à Gustave Flaubert : les cheveux, témoins de l'histoire et source d'avancée technologique pour la médecine légale contemporaine

En mars 2016, le Docteur Philippe Charlier, Mme Sophie Jacqueline et Julie Arteta, de l'Équipe d'Anthropologie Médicale et Médico-légale de l'Université Versailles Saint Quentin, ont étudié de nombreux échantillons historiques de cheveux sur la ligne de lumière DiffAbs. Les objectifs et les résultats attendus de cette étude sont multiples.

Solenn Reguer (SOLEIL), Philippe Charlier et Sophie Jacqueline supervisent l'acquisition des données sur DiffAbs

Les échantillons proviennent de sceaux en cire de rois mérovingiens et carolingiens conservés par les Archives Nationales (Paris), et dans lesquels plusieurs cheveux étaient incorporés lors du scellé. Les cheveux appartiennent donc potentiellement aux différents souverains et ont été prélevés alors qu'ils étaient vivants, à différentes époques de leur règne.

Les micro-imageries simultanées en spectroscopie de fluorescence X et en diffraction de rayons X, techniques utilisables sur DiffAbs, vont permettre à la fois des analyses chimique et structurale quantitatives des échantillons. L'étude va se concentrer en particulier sur les métaux lourds, comme le mercure, le plomb ou l'arsenic.

L'analyse comparée de cheveux provenant de plusieurs sceaux attribués au même roi permettra dans un premier temps l'identification certaine de l'individu, puis d'écarter certaines hypothèses, dont celle qui voudrait que les cheveux aient été ceux de différents secrétaires.

Les études chimiques et structurales renseigneront sur les habitudes nutritionnelles, les données métaboliques du souverain à différentes époques de sa vie, et  son héritage génétique. Les informations ainsi découvertes pourront être confrontées aux données biographiques historiques comme les maladies, les traitements, les voyages, … et potentiellement les causes de la mort.

Afin d'éliminer tout biais lié à la conservation spécifique de ces cheveux dans la cire, ils ont été comparés à d'autres échantillons historiques, moins anciens, mais dont l'origine est parfaitement connue (par exemple un cheveu de Gustave Flaubert provenant d’une collection normande).

Quelques uns des précieux échantillons

Ainsi, pendant deux jours, les cheveux de Clovis III, Pépin le Bref, Carloman, Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve (!) et Charles le Simple, et provenant de plusieurs de leurs sceaux de cire, ont été scrutés sous le microscope à rayons X de DiffAbs. Ceux de Flaubert et d’autres personnages historiques du XIXe siècle, ont également été observés dans les mêmes conditions sur DiffAbs, en tant qu'échantillons "témoins". Pour ces derniers, les données historiques sont en effet bien connues et plus fiables que pour les Mérovingiens et Carolingiens.

Au-delà de l'apport historique de cette étude, l'équipe du Docteur Charlier utilisera ces résultats dans le cadre du développement, de l'amélioration et la validation de méthodes qui seront, à terme, utilisées en médecine légale dans les domaines de l’identification individuelle et du diagnostic rétrospectif. Bientôt, « les Experts - Synchrotron SOLEIL »…