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Greffe de foie. Le synchrotron SOLEIL propose une méthode plus sûre pour décider en quelques minutes si un greffon peut être transplanté

Un microscope infrarouge, programmé au synchrotron SOLEIL, vient d’être installé dans le service d’Anatomie Pathologique de l’hôpital Paul Brousse (Hôpitaux Universitaires Paris-Sud, AP-HP). Il entrera en fonction cette semaine pour répondre aux besoins des activités de transplantation hépatique du service du professeur Denis Castaing. En 4 ans, les équipes associées de l’Inserm et de SOLEIL sont passées de l’idée à la phase d’application clinique. Désormais, l’anatomopathologiste dispose d’un outil de diagnostic fiable et adapté à l’urgence de ce type de pathologies et de prises en charge lourdes.

Chaque année, près d’un millier de greffes de foie sont pratiquées en France et, par manque de donneurs et d’organes compatibles ou sûrs, seuls 50% des patients qui en ont besoin peuvent bénéficier de ces interventions.

La décision de greffer ou non un organe doit être prise dans un délai très court, à toute heure du jour ou de la nuit, lorsqu’un greffon compatible avec un receveur arrive à l’hôpital.

Le chirurgien en salle d’opération prélève un échantillon du foie. Il le transmet à l’anatomopathologiste qui doit expertiser l’organe et s’assurer qu’il est suffisamment sain et qu’il peut être greffé, via l’analyse réalisée en urgence d’une coupe congelée et colorée de l’échantillon hépatique. Le greffon est systématiquement rejeté en cas de doute et l’opération annulée.

Donner au médecin des outils de décision rapide et fiable est donc d’une importance capitale.

 

François Le Naour, chercheur à l’Inserm, Catherine Guettier, anatomopathologiste spécialiste en pathologie hépatique à l’hôpital Paul Brousse (AP-HP), et Paul Dumas, chercheur au synchrotron SOLEIL, ont mis au point en 4 ans une méthode spectroscopique pour caractériser le plus sûrement possible les greffons de foie, par nature très hétérogènes.

Pour y parvenir, ils se sont appuyés sur des équipes scientifiques de SOLEIL. En effet, grâce à la ligne de lumière infrarouge « SMIS », il est possible avec une résolution à l’échelle de la cellule de détecter et de quantifier précisément dans les greffons hépatiques l’excès de vésicules lipidiques qui définit la stéatose, principale cause de pathologies du foie. Cette démarche a été testée et validée sur plus d’une centaine d’échantillons.

 

Ainsi un microscope, utilisant une source infrarouge thermique et calibré à SOLEIL pour cette application médicale, entrera en fonction cette semaine à l’hôpital Paul Brousse (AP-HP). La technique d’analyse, utilisée pour la 1ère fois dans le monde, permettra de répondre à trois types d’enjeux :

- en premier lieu un enjeu médical au bénéfice des patients qui souffrent de ces pathologies hépatiques et qui sont en attente de greffe,

- un enjeu de recherche qui permettra, au-delà des problématiques liées aux greffes, de développer grâce au synchrotron une approche de diagnostic très précoce des maladies du foie

- enfin un enjeu économique, si ces pathologies très lourdes sont détectées et prises en charge plus en amont.